01.PREMIER RE:JET EN PERLE DE NAUSÉE
02.RE:PENTANCE
03.INSPIRATEUR
04.LA BOULE BLANCHE
05.CASSE-TÊTE
06.LAISSER PENSER
07.MONSTRE MONTRE
08.POUR FAIRE LE PORTRAIT D’UN OISEAU BLESSÉ
01.PREMIER RE:JET EN PERLE DE NAUSÉE (Obsachala/lingouf)
Des mots des vomissements, c’est le premier jet du rejet
Mais moi aussi mon traitement c’est de nager dans la nausée
Et là je vomis toute l’ocytocine que je me suis un jour injecté
Vide mes glandes endocrines des liens auxquels je suis attachés
Derrière leur visage d’ange, je sens les tortionnaires
Et aujourd’hui ça me dérange, ils le voient bien à mon air
Ils se disent que je change, que je ne me laisse plus faire
Il n’y aura plus de louanges, je suis prêt pour le bras fer !
Je ne me ferai plus avoir par leur visage d’enfant
Je ne me ferai plus avoir par leurs airs innocents
Vous ne me ferez plus boire de vos mots séduisants
Je ne vois plus aucun espoir dans vos faux sentiments
Je te vois de prés lucifer, tu vas pas me la faire à l’envers
Je suis prêt à battre le fer, j’affronte mes tortionnaires
Tu es là, tu les possèdes, tu t’es glissé dans leurs frayeurs
Jusqu’à ce qu’ils cèdent et qu’ils n’aient plus aucun cœur
Je crache sur mes chaînes avec ma salive saturée d’acide
Je ne suis plus leur chienne, je me délivre en devenant lucide
Je suis là prêt à me fighter contre mon syndrome de Stockholm
Ils ont essayé de me castrer, mais je suis debout et je grogne !
Je les regarde droit dans les yeux, fous, ils sont à découvert
Vous n’êtes pas mes dieux, vous, qui êtes mon tortionnaire
Pour bien connaître une personne, il vaut mieux observer ses actes
Que de croire les mots qui raisonnent, aveuglément signer un pacte
Envie de vous insulter, c’est étrange, cette envie d’être vulgaire
Je croyais regarder des anges, c’étaient des petites copies d’hitler
Hier j’avais les cervicales bloquées, il m’était impossible de dire non
Maintenant que je suis détaché, arrêtez de me prendre pour un con !
Ils torturent, martyrisent, mais… ce sont de pauvres innocents
Ce seraient les plaies du passé qui les rendraient inconscients
Il y a de quoi faire, j’en ai peur, une autoroute de leurs bonnes intentions
Goudronnée par leurs malheurs, sans doute leur justification
Je vois bien leurs douleurs, je comprends leurs malheurs
Je suis du genre à aimer, même le bourreau, le justifier
Je suis pris de contagion émotionnelle, j’ai trop d’empathie
Mais là elles me gavent leurs ritournelles, leur flot d’idéologies
Mon geôlier me disait qu’il faut se contenter de ce qu’on a
Qu’il est là pour me protéger m’offrir à manger et un toit
Si l’inconnu me fait fantasmer c’est parce que je ne le connais pas
Mais va chier avec ta sécurité, vivre en cage ce n’est pas pour moi !
Merde ce n’est pas un fantasme ! VIVRE ! C’est aller vers l’inconnu !
Sinon où trouver l’enthousiasme ? Vivre ? Mais pourquoi on continue ?
Je me soigne de mon syndrome. Je cours, j’avance vers l’inconnu
Je m’éloigne, deviens autonome… en ce jour, je ne suis plus un détenu…
***
Perle la goutte rosée
Souffle ta lave petit volcan
Minuscule pomme d’amour
Infime fruit de houx
Bleues, violettes, jaunes
Se pétalent en larges taches
Nappes d’un pétrole échappé
Amples auréoles colorantes
Perce écharde miraculeuse
Répands ton venin salvateur
A force de tromperies récidivistes
Gavé le corps produit en chaîne
Belles bulles de savon
Regardent leur croissance minutieuse
Prisonnières dans les deux sacs
Cherchent les espaces libres
Sentir l’expiration dans les baudruches
Dans ces moufles abandonnées est le refuge
Gonflées avec tant d’ardeur
Monte et perle la nausée
T’as besoin de quelqu’un, besoin de quelqu’un pour te soutenir
C’est bien inopportun, moi je cherche quelqu’un sur qui vomir
Je maintiens depuis un temps certain la rancœur qui me fait souffrir
A vouloir être quelqu’un de bien je n’ai pas vu tous les coups venir
Tu es du style à être surpris par tes brûlures alors que tu es dans le feu
Ne sois pas étonné aujourd’hui si sur toi je vomis tout ce que je peux
Il ne fallait pas venir me secouer, je luttais contre mes pires nausées
Il ne fallait pas rester à proximité, sans réfléchir à ce que tu faisais
Écoutes-toi, j’entends tes excuses mais tes mots ne valent rien
«Excuses-moi» ces mots m’usent par le vide que tu maintiens
Facile de dire je m’excuse sans remettre en question le sujet
Sans affronter ce qui fait que tu as du mal à te regarder
Tu te crois sans religions, mais tu utilises les vieilles combines de cathos
Sans se poser de question, tout effacer par une combinaison de mots
« Mon père, je m’excuse car j’ai péché. C’est dit ! Vous me pardonnez ? »
Avec ces quelques mots alignés, tu crois vraiment que tout va se régler ?
Penses-tu que le bourreau peut enfin se regarder dans le miroir
En prononçant ces mots et repartir œuvrer dans l’abattoir ?
Penses tu qu’il suffit de se vider dans un confessionnal
Pour enfin se sentir léger, nettoyé de tout ce qu’on a fait de mal ?
Écoutes-toi, j’ai l’impression que le dire te demande tellement d’effort
Ton «excuse-moi», que tu ne feras rien de plus pour changer ton sort
Ça t’épuise déjà de voir tes erreurs, donc tu ne te prends pas la tête
Tu recommenceras à marcher sur des cœurs. C’est avec toi que tu es malhonnête
Je pardonne tout, mais mon pardon n’aura aucune valeur pour toi
Car avant tout, ce qu’il faut faire c’est ne pas rejouer ses erreurs, tu vois ?
Ce n’est pas grave de se tromper, le mal peut être là aussi pour enseigner
Apprendre à l’identifier, pour enfin le transcender
La meilleure façon de faire sa repentance, c’est d’agir sur soi-même
Faire attention aux conséquences de nos actes s’ils créent de la peine
Avoir l’intention, en toute conscience, d’assumer ce que l’on sème
C’est ma solution, ma seule science pour me libérer, mon stratagème
Arrête de croire que vider ta culpabilité avec tes mots va te soulager
Sans même vouloir essayer d’agir différemment de ce qui t’a fait t’excuser
C’est inutile d’exprimer tes regrets, si tu ne fais rien pour te rectifier
Ça ne te sert qu’à cacher et ignorer, la réalité de tout ce que tu fais
Et ne crois pas que t’autoflageller, va te permettre de mieux aller
Que le fait que tu te fasses souffrir, puisse encore aujourd’hui m’attendrir
Tu te fais trop de mal avec ta pénitence et je n’y vois plus que de la démence
Tu vois l’absolution comme ta chance. Agis plutôt en fonction de ce que tu penses
«Pardonnes-moi, je m’excuse», c’est bon, dégage de là, tu m’uses
Ne vois tu pas que là tu abuses ? Pour de bon, je suis las de tes ruses
Tes ruses pour essayer de masquer ton propre reflet dans le miroir
Tes ruses pour tenter d’oublier ce qui t’empêche de dormir le soir
Tu m’as éclaté à plusieurs reprises sans en être vraiment conscient
Mais ce ne sera pas par surprise si je t’envoie des pains dans les dents
Je ne chercherai pas les excuses car je le ferai bien consciemment
Mes coups seront là si tu abuses sous forme de mots dérangeants
Alors casse-toi au lieu d’être là devant moi à me regarder chialer
Tu penses à moi, dis-tu, mais tu penses surtout à toi sinon tu verrais
Que ce ne sont pas des mots qui vont soigner les blessures que l’on a créées
Mais des actes en accord avec notre pensée, c’est sur, c’est ça être entier
Tu es en quête de pardon, inutile de le chercher à l’extérieur
Si tu trouves le pardon, ce sera sûrement en observant ton cœur
Pardonne-toi en premier, applique-toi à t’aimer, puis enfin à t’assumer
Et ensuite agit, FAIT. Vis et sois en accord parfait avec ce que tu es
– Alors la forme ?
Petite forme…
Moi je n’ai plus de forme
Alors je transforme
Quand je m’informe
Ça me rend difforme
Je suis en déformation
C’est ma transformation
J’ai étudié leurs normes
Essayé l’uniforme
Écouté l’explication
En ai compris l’implication
Plus je m’informe
Plus ça me déforme
Leur désinformation
Nous tire vers le fond
Tu sais, ton uniforme bien trop serré
Taillé dans les normes qui empêchent de respirer
Tu peux te le caler dans ton …
Car il bloque ma digestion
Il semble que t’es pas celui d’hier qui parlait sur mon ordinateur
Tu ressembles à un tas de poussières moulées dans un sac aspirateur
Il me semble que tu sois moins fier là face à toute ma noirceur
Tu trembles de voir ce que digère face à toi l’enfant de cœur
– Alors quoi de neuf ?
Je voudrais savoir en quoi ce qui est neuf t’intéresse
Tu pourrais voir ce qui est nouveau sans ta paresse
Ignorant tu passes ton temps à préserver tes vielles idées
Oubliant de voir l’instant comme une nouvelle donnée
Tu ressembles à l’intérieur d’un sac aspirateur jamais vidé
Une vie à être rempli de déchets sans vouloir les évacuer
Tes mots sont arides, mais je vois ce qui se cache derrière
Des maux morbides qui remplissent mes oreilles de poussières
Mon regard noir tu l’évites, fais comme si de rien n’était
Je regarde le miroir de tes mots qui reflète ta lâcheté
J’essaie de lire dans la poussière qui aujourd’hui te compose
J’essaie de vivre pour m’extraire de ce que tu nous imposes
Je me sens obligé d’écrire pour éviter de te vomir
À toi aussi dessus, que tu n’aies pas encore à me subir
Écrire car il faut que je me vide au fur et à mesure
Écrire avant de péter un câble parce que là je sature
J’ai envie de te baffer mais je ne veux pas me faire aspirer
Dans ton sac aspirateur je préfère maintenant te laisser
Que passer des heures à essayer de m’adapter
À vos uniformes de normes aux formes bien trop serrées
– Allez salut bon courage !
Salut bon courage me dit-il avec ses mots de poussières !
Bon courage ! Avec ton aspirateur tu ne manques pas d’air
Ne penses-tu pas que cette formule soit un peu indécente
Quand ton manque de courage me pousse dans la descente
Au royaume des aveugles les borgnes ne sont pas roi
Au contraire je crois que ça les irrite que quelqu’un y voit
Tous des visages d’anges tant qu’on est ce qui les arrange
Et ce qui me dérange c’est que tu ne veux pas que ça change
Je n’en sais rien, mais je crois qu’avec mes lunettes
J’vois pas très bien mais peut-être suffisamment net
Pour essayer de te montrer qu’il y a des fenêtres
Essayer de te dire qu’il y a d’autres façons d’être
Il me parle avec des mots composés de poussière
Des formules toutes prêtes pour éviter d’être clair
Hallucinante capacité à esquiver le cœur de la vérité
Déprimante faculté à se cacher de peur de l’affronter
Je danse avec l’aspirateur sans me laisser aspirer
C’est la poussière prisonnière qui vient m’inspirer
Je suis un nuage de cendres en suspension
Face à l’inspirateur et ma phobie des prisons
Je suis les débris d’un volcan qui vient d’exploser
Accompagné d’un sac d’aspirateur jamais vidé
De mes cendres brûlantes, il vaut mieux t’éloigner
Ou alors toi aussi de l’intérieur tu vas te consumer
Je suis nuage de cendres incandescentes en suspension
En dansant je vais esquiver la descente dans ta prison
Navré je préfère voler et continuer à surfer sur le vent
Que d’être moulé à jamais dans un aspirateur mort-vivant
04.LA BOULE BLANCHE (Obsachala/lingouf)
Le boulet illuminé est parti sur une autre terre
Parti se purger de ses ennuis de ses chimères
Volcan sphérique maladroit dans son cimetière
Instant ironique, ses choix l’ont rendu amer
Il ne pouvait qu’exploser en cette présence
Celle qui le faisait vibrer jusqu’à la transe
Ironie du volcan irradié par sa malchance
De voir son feu craché sur la bienveillance
Des âmes curieuses de ses amoureuses
C’est ce qui le creuse, cette grisaille malheureuse
Où pour voir voler enfin de belles âmes heureuses
Il doit les pousser loin de ses entrailles affreuses
Des pensées du soir, ses charmeuses qui le hantent
Il préfère les savoir batailleuses même absentes
Préférer savoir des âmes heureuses et vivantes
Que pleurer de les voir amoureuses et mourantes
Un volcan mis à mort, devenu boule de cendre
Ne montre qu’il mord, qu’à ce qui lui est tendre
Lune psychotropique, sphère nappée de pics
Il est devenu toxique, pour ses amies sismiques
Une boule blanche devenue le Rover
Sur l’île où on coupe les «L» des lovers
Boule dans les cieux juste ici pour effrayer
Les plus audacieux de l’île aux prisonniers
***
Une belle boule blanche a poussé dans l’herbe
La lune est tombée, brille et éclaire
Œuf de neige ou tête de coton
Ventre de farine ou gros flocon
Je m’approche ou je n’y vais pas
Trop tard, la peur est là
Alors, j’attends, l’étoile au ventre
Boule de plasma dans mon épicentre
Un, deux, trois, partez !
L’étincelle m’a élancée
Un, deux, trois, soleil !
Le corps en statue, je veille
La boule a encore grossi
Même pétrifié mon corps frémi
C’est parti, je me mets à courir
Mon pouls s’accélère et me fait bondir
Rien ne peut plus m’arrêter
La course me fait fantasmer
En appui sur le pied gauche, je tire de toutes mes forces
Mon pied droit percute le ballon, l’explosion est atroce
Devant moi, une bouffée de poussière
Le volcan a craché son nuage de chimères
La belle boule blanche n’est plus qu’un sac d’aspirateur percé
Moi qui croyais qu’elle allait tout là-haut s’envoler
Le loup a retiré sa veste et montré son caractère
La vesse-de-loup a craché sa cendre en ouvrant son cratère
Ma chaussure est couverte d’une poudre brune
Dans le ciel, j’aperçois la lune
Cette histoire me fait penser à Jean de la lune
Un lunien à tête ronde, qui un jour de fortune
Grimpe sur une comète pour aller visiter la Terre
Les humains accueillant, l’enferment derrière des barreaux de fers
Un boulet au pied, il regarde par la mince fenêtre
La lune entre en décroissance, il voit de moitié son corps disparaître
La demi-forme se glisse par la fente hors de cette prison
Va respirer les fleurs et s’émerveille du chant des oiseaux polissons
Il s’invite à une fête d’enfants et entre dans la danse
Arrive dans un château où un savant fou lui donne une chance
Celle de monter dans une fusée et de rejoindre sa blanche balle
Quand je regarde la lune, Jean me sourit, repense à sa cavale
Merci Tomi pour ce voyage céleste
Difficile d’être lunien sur cette croûte terrestre
Là haut, Jean attend qu’on le rejoigne
De couleur cendré, il est devenu pyromane
C’est son cœur qui brûle, alors qu’au fond de lui il aspire à la vie
J’ai envie de souffler sur ses poussières, qu’il débloque ses envies
La lune peut s’ouvrir et offrir des visites
Certains humains pensent à un voyage satellite
Je rêve qu’un petit cœur se mette à battre dans mes entrailles
De rencontrer l’intense maintenant que j’ai écarté les ferrailles
D’accoucher de quelque chose de plus beau que mes mots
De sentir le gigantesque me caresser le dos
Main dans la main avec celui avec qui je partage mes nuits
On entre dans la belle boule blanche encore plus unis
On est peut-être des luniens nous aussi
Ou des terriens qui veulent apprécier la vie
Là haut, Jean nous sourit entouré de cratères
On ira peut-être le voir ou reviendra t-il sur Terre
De sa bouche s’échappe des mots
Je les attrape, ils m’envahissent tout chauds
J’avale cette bouffée d’inspiration
Un je ne sais quoi sort, une combustion
Un choc intergalactique qui assemble les lettres
Un cataclysme qui rend plus sensible mon être
05.CASSE-TÊTE (Obsachala/lingouf)
C’est une énigme, elle est mon casse-tête
C’est une énigme qui secoue tout mon être
Casse-tête qui se joue de ce qu’est mon corps
Un casse-tête qui un jour m’a jeté un sort
L’énigme prend place dans un monde onirique
Réveille mes angoisses par ses ondes telluriques
Elle disparaît quand, je pense voir une solution
S’effaçant à l’instant où je crois le chemin bon
C’est une énigme, serait-ce une succube ?
Une énigme, peut-être est-ce un rubik’s cube ?
Un casse-tête qui se cache sous des pixels de couleurs
Une fenêtre à six faces, les séquelles sur son cœur
C’est une devinette à la réponse en nuancier
Avec une telle palette qu’on ne pourrait arriver
À marier les couleurs. C’est ce que dit la majorité
De ceux qui ont peur de vraiment l’écouter
Alors je tourne, j’arrête, j’y retourne, je peste
Elle me contourne, me teste, je tourne ma veste
Alors je tourne, j’arrête, j’y retourne, je peste
Me détourne d’un geste, puis y retourne et reste
Des plus fines et subtiles qu’on ait vues une énigme
C’est la machine tactile qui change les paradigmes
J’essaie patiemment de la résoudre avec tendresse
Elle devient le vent, impalpable si je la bouleverse
C’est une énigme de lumière coincée dans la matière
Dans notre monde d’ombres qui jour et nuit sombre
C’est une énigme de caractère bloquée ici par misère
Qui suivant l’onde, s’effondre, perdue dans la pénombre
Ils regardent mon être, dévisageant l’effet du casse-tête
Ils veulent que j’arrête en pensant que je perds la tête
Mais justement peut-être que la perdre un moment
Va un temps me permettre de voir ce qui bloque dedans
C’est un mystère, un rébus et non je n’ai pas trop bu
Je sais bien ce que j’ai vu et non ce n’est pas une hallu
Non rien ne me raisonne, oui le casse-tête me passionne
Me sort du mode monotone et ce comme personne
***
Je suis sur le carreau
De cette fenêtre sans face
Les couleurs de ces carreaux
Me font perdre la face
J’enlève les étiquettes
Collées sur le rubisk’cube
Je regarde cette cueillette
Non pas sans inquiétude
Je souffle sur ces pétales
Mais les carreaux se collent
Un arlequin perd les pédales
La fleur est sans corolle
Les carrés de couleur
S’empilent dans le tétris
Une marée de haut-le-cœur
Un puzzle fantaisiste
Intriguée par ce casse-tête
Je bois à la bouteille
Le soleil fait la fête
Mon poignet est arc-en-ciel
Laisser les pensées passer
Ne pas s’y fier, juste observer
Laisser les pensées courir
Observer le balai sans faillir
Taire mes mots. Vincent tais toi !
J’enterre ces mots qui créent l’émoi
Patience – des mots qu’on ne dira pas
Silence – nous pensons «on verra»
Ils sèment, ont semé, tout ce qu’ils ont pu
Ils sèment, en secret mais se sont perdus
Les deux mêmes qui sèment sous les cieux
La terre, les graines, les germes, des vœux
Laisser les pensées danser
Ne pas trembler, juste avancer
Laisser des pensées mourir
Sans s’accrocher laisser partir
Un vent de vagues émotives
Coule dans cette âme captive
Torrent de pensées en bataille
Soufflent les mots des entrailles
Les pensées passent et le mental aboie
Des pensées cassent si le moral est bas
Des pensées fâchent le mental trop droit
Panser ces taches d’un idéal étroit
Laisser les pensées passer
Se pacifier sans ignorer
Laisser les pensées jaillir
Laisser aller sans se trahir
Il se dit «tais-toi, arrête de penser, j’ai tout fait»
Il se dit « le poids de ces pensées m’étouffait»
Arrête de t’emmêler dans toutes les probabilités
Arrête d’ajouter à ce que tu ne peux pas calculer
Laisser travailler les éléments
Qui accorderont les événements
Observer la patience du jardinier
Qui confiant laisse la vie décider
Laisser les pensées couler
Sans se laisser emporter
Laisser ces pensées qui se font des idées
Sans se laisser aller
Un lâcher prise, une dépossession
Des pensées grises dans les poumons
Un lâcher prise, une transformation
Loin de ce qui attise, en méditation
Laisser passer les pensées du passé
Laisser tomber les idées prémâchées
Laisser se déployer sa propre vérité
Se laisser la possibilité d’évoluer
Laisser parler les opposés sans juger
Laisser hésiter sans se démotiver
Laisser se jouer cette partie de dès
Ne pas oublier de se laisser rêver
Ici les minutes sont des heures
Là les heures étaient secondes
Ici des minutes par cœur
Là léger il se laissait fondre
Pas le temps d’oublier l’horloge
La montre vint serrer sa gorge
Reviens ici, loin de là
Viens et oublie, oublie la
Paralysie d’ennui, boire et attendre
Coincé ici sans pouvoir se détendre
Ici il n’y a que des si qui anesthésient
Coincé ici, sans vie sans envie
L’évadé tombé dans un piège plus grand
A goutté la liberté mais juste un instant
Dans sa cage en compagnie d’un souvenir
Le mirage d’une vie dont il ne pourra jouir
J’ai mal j’ai mal j’ai mal j’ai mal
J’ai mal j’ai mal ça devient normal
J’ai mal j’ai mal j’ai mal j’ai mal
Arrête de te plaindre ça en devient banal
Abandonner le pourquoi et la logique
Le captif n’a pas le choix il abdique
Les émotions qui lui spamment l’âme
Il les pleure maintenant dans le calme
Une main tendue, pour gifler ?
Ou pour lui souffler un baiser ?
Papier rouge découpé en symbole
De l’organe coincé dans sa systole
Lourd, chargé, et contracté
Serré jusqu’à se densifier
Lourd, et tellement compressé
Devenu une croix à porter
Regardez c’est la bête de foire !
Qu’on expose en criant gare
Méfiez vous de cette liberté sauvage
Qui vous est présentée ici dans une cage
De l’extérieur ils ne voient que la carapace
À l’intérieur ils ne savent pas ce qu’il se passe
Sur cette peau épaisse les coups ne marquent pas
Dessous une détresse que personne ne voit
L’animal étrange, on le voit bête
Ça nous arrange, pas de prise de tête
S’il nous dérange, d’une droite on le jette
Ou on le range, dans une boite sans fenêtres
Pas le temps d’ouvrir la porte de la cage
Pas le temps de lire une nouvelle page
Pas le temps de libérer l’animal sauvage
On préfère le regarder sur le mur en image
Et il se sent comme un Joseph Merrick
L’homme éléphant qui distrait le public
Pas de sentiment dans cet être grossier
C’est déculpabilisant pour qui vient le frapper
C’est intéressant cette capacité des hommes
Qu’ils ont à juger uniquement par la forme
L’animal a des crocs, alors il faut l’abattre
Ou le mettre au cachot à grands coups de lattes
Sur les mains d’argent ils croient voir du sang
Jettent leurs coups violents sur cette âme d’enfant
Le monstre hypersensible fait une bonne cible
Dérangeant mais docile, les coups sont faciles
Frapper sur cette monstruosité apparente
Permet d’oublier ce qui vraiment les hante
C’est leur propre noirceur ici qu’ils affrontent
Leurs inconscientes peurs, ils sont leur monstre
Ici un monstre regarde une montre
Il se rend compte qu’elle le démonte
Ici ces aiguilles tournant en rond
Rendent tout ce qu’il sent nauséabond
Ici les minutes sont des années
En compagnie d’une image floutée
Ici c’est une lutte d’avoir déjà goutté
Car il n’y a que des montres à manger
Ici un monstre démonte une montre
Il écoute ce que le mécanisme raconte
D’un geste maladroit il touche la mécanique
Au bout de ses doigts, se joue une musique
***
Ici un monstre regarde sa montre
Ici une mécanique se mêle de chair
Le métal et le sang se rencontrent
Un fluide coule dans la gouttière
Le liquide sous pression circule
Épouse la forme des flexibles
Substance mystérieuse à globules
Qui émane d’un être sensible
Assembler la bonne vis à son écrou
Étancher la soif du réservoir incorporé
Dégripper les articulations des genoux
Huiler les maillons de la chaîne bloquée
Sortir les baguettes à soudure
Protéger ses yeux des étincelles
Sentir l’odeur de cette boursouflure
Encore chaud le cordon se martèle
Un coup de soufflette dans le filtre
Pour dégager toutes ces poussières
L’air suffoque pénètre et s’invite
La pompe s’amorce et récupère
Aspiré dans l’engrenage de la machine
Les lambeaux collés à la ferraille
Un zombie écoute le bruit de sa poitrine
Une musique sort de ses entrailles
08.POUR FAIRE LE PORTRAIT D’UN OISEAU BLESSÉ
Démontez d’abord toutes vos cages
Sur le sol vous pouvez utiliser les barreaux
Comme crayon pour dessiner des images
Ou éventuellement y laisser quelques mots
Pour faire le portrait d’un oiseau blessé
Il ne faut pas essayer de le capturer
Laissez-le s’approcher, laissez-le se méfier
Laissez-le observer votre façon de soigner
Pour dessiner le portrait d’un oiseau blessé
Il faudra d’abord l’encourager à voler
Attendre qu’il dévoile la blessure de son aile
Puis transformer les barreaux en attelle
Pour croquer le portrait d’un oiseau blessé
De soi, il ne faut rien cacher, rien masquer
L’oiseau vous verrait, en épouvantail
Laissez-le plutôt vous regarder en détails
Il y a de fortes chances qu’en vous voyant
L’oiseau ne voie qu’un humain dégouttant
Et si maintenant ses ailes sont bien soignées
Vous le verrez certainement s’envoler
Réjouissez-vous de sa liberté
S’il peut voler c’est signe de bonne santé
Certes jusqu’ici vous n’avez rien dessiné
Mais en vous des images sont déjà imprégnées
Pour pouvoir tirer les traits d’un oiseau
Il ne faut pas vouloir figer ce que vous voyez
Impossible d’esquisser, il partira trop tôt
Mais par son envolée, il vous aura inspiré
Il est possible que l’oiseau une fois soigné
Parte loin découvrir de nouvelles contrées
Découvrir, apprendre et jouer au monde
Avançant tout droit sur cette terre ronde
Mais lorsque l’oiseau aura achevé un tour
Il sera évidement chargé d’amour
Pour cet humain généreux et patient
Qui ne ferme pas de fenêtre contre le vent
Il est probable que l’oiseau vole vers vous
Rassuré il vous voit et il ose
Oubliez votre tableau, oubliez tout
Ne cherchez pas à ce qu’il se pose
Si vous n’êtes pas trop lourd, il pourra vous porter
Voler au présent et vous faire savourer
La souplesse du vent, les caresses des éléments
L’ivresse du vivant, la finesse de ce qu’il ressent
De retour en retravaillant votre tableau
Vous oubliez si c’est lui ou vous l’oiseau
C’est plutôt bon signe, le portrait se dessine
Un nuage, le ciel fume, vous êtes léger comme une plume
Pour faire ce portrait certains dessinent une cage
Même rendue transparente, c’est bien dommage
Navré Jacques mais je trouve ça Prévert
D’enfermer la liberté dans un bocal en verre
Pour vraiment faire le portrait d’un oiseau
Il est nécessaire de voir tout ce qu’il représente
Et pour vraiment réussir ce tableau
Ça ne sert à rien d’attendre qu’il y rentre
De ce portrait réussi, l’oiseau est parfois absent
Car on a envie de s’envoler en le regardant
On voit renaître l’énergie qui maintient vivant
Une fenêtre sur l’infini, c’est l’appel du vent
Il est inutile et fou de vouloir signer ce tableau
Il appartient à tous, c’est pourquoi il est si beau
Approchez, sentez-le et cela suffit
Ce qui est le plus précieux est gratuit
09.Quand les pétales se collent à la toile (Obsachala/lingouf)
Quand les pétales se collent à la toile
L’œuvre originale d’un cœur qui se dévoile
Elle fige la cavale des pouls qui s’emballent
Partition musicale d’un ciel taché d’étoiles
Sur ses lignes de dentelle, des notes déposées
C’est le signe que des ailes se sont déployées
La maligne dans le ciel siffle son air caché
Piège en lignes de ficelle maintenant transformé
Cette toile de soie se chuchote en musique
Elle dévoile la voix de ces notes magiques
Un soleil nocturne les accorde doucement
Elles remercient la lune d’éclairer leur chant
Une bouffée de cet air, un murmure nous escorte
Un escalier de pierres, la nature nous exhorte
Maison à ciel ouvert, pas de mur, pas de porte
Vibration de la terre, couverture de feuilles mortes
Quand l’indescriptible traverse les mailles
Dans l’être sensible s’ouvre alors une faille
De son cœur surgissent des constellations
Couleurs d’une éclipse qui donne le frisson
Des mots qui n’ont pas de mots apparaissent
Des mots qui n’ont pas de mots caressent
Des mots qui n’ont pas de mots se glissent
Des mots qui n’ont pas de mots se tissent
***
Quand les pétales se collent à la toile
Sensation de petits bonheurs en spirale
Petits tapis volants ballottés par le souffle
Posés ici et là sur les fils tissés en boucle
Des ronds points pour faire tourner tous ces chemins
Un quadrillage coloré des traces de ces mains
Empreintes immaculées tombées d’un cerisier
Intersections souples à s’étourdir, à s’évaporer
Ces cordes de soie émettent une vibration
Les peaux blanches tremblent avec émotion
Voir la douceur, le timbre, le goût et l’odeur
Regarder l’à peine perceptible et son ampleur
A pieds joints, sauter dans les trous blancs
Facile de changer de galaxie en un instant
Une singularité gravitationnelle spéciale
Quand les pétales se collent à la toile
***
Quand les cailloux sortent de la gadoue
Les yeux collés, ils regardent le flou
Une pluie fine caresse leurs joues
Sur le sol se colorent les bijoux
Quelle est cette offrande de la terre ?
Ces membres mutilés s’offrent à l’air
Quelques parties encore tranchantes
Marques d’explosions si peu récentes
Un caillou peut rester là des années
Parfois il change de côté d’un coup de pied
Une main délicatement le ramasse
Nouveau point de vue, le monde est vaste
Ils se laissent regarder comme une fresque
Mais c’est un tableau sans fin, gigantesque
L’oreille collée sur les fragments de roches
Une chaleur monte, une respiration s’approche
Je ressens les vibrations de ces pierres
Une énergie qui me vient de sous terre
Je goûte la poudre de ces cailloux
Minéral essentiel à mon équilibre fou